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26 février 2013

«Populaire» robes de mariée de la semaine

«Populaire» Les films de la semaine Les Invisibles, de Sébastien Lifshitz Le documentaire de Sébastien Lifshitz séduit par l'efficacité et l'élégance de son projet. Grâce au décalage entre troisième âge et troisième sexe, décors de campagne et homosexualité que l'on attribue (à tort) à la ville, le réalisateur dit tout très vite. Le temps qui passe et met tout le monde sur un pied d'égalité, le temps qui panse les blessures et le temps qui normalise l'homosexualité… Cinéaste militant de la cause homo, déjà auteur de Wild Side (2003) et Plein Sud (2009), Lifshitz parvient à faire ressentir ça en quelques minutes. Dès lors, le problème est de tenir, de relancer les intrigues de ces vies, et de savoir s'arrêter. Peut-être emporté par la richesse de ce sujet original, le réalisateur tire malheureusement sur la corde. Deux heures, c'est trop long et trop court pour des histoires qui auraient chacune pu donner un beau film de fiction. D'ailleurs, c'est peut-être aussi ça Les Invisibles. Lorsqu'on écoute le récit de ces vies, on ne peut s'empêcher de penser que le cinéma a fait l'impasse sur de beaux long-métrages, juste parce qu'ils auraient été "gay". Lifschitz rectifie le tir dans son documentaire. C'est déjà ça. Entre 1998 et 2003, Frédéric Fonteyne signe trois films, Max et Bobo, Une liaison pornographique et La femme de Gilles, puis s'éclipse. Plus de nouvelles. Rien. Près de dix ans plus tard, il revient avec Tango Libre, récit construit autour du quatuor formé par JC, Alice, Fernand et Dominic. Maton timide, le premier va rencontrer à un cours de tango la seconde, mariée au troisième, lui-même en prison avec le quatrième pour braquage. Tango Libre est une histoire d'attirance étrange entre des êtres opposés d'un point de vue social ou spatial.

Si la mise en scène arrive à retranscrire cela avec une fluidité étonnante, cette belle idée ne serait rien sans l'éclat des acteurs, en premier lieu Anne Paulicevich (également scénariste). D'une vitalité magnétique, l'actrice méconnue donne la réplique à François Damiens, Sergi Lopez et Jan Hammenecker, que l'on a rarement vu aussi beaux et déchirés par l'amour. Espérons que Frédéric Fonteyne est revenu pour rester. Il fait du bien au cinéma. Violeta n'a rien d'un biopic classique, et doit plus à I'm not there de Todd Haynes sur Bob Dylan qu'à Walk the Line de James Mangold sur Johnny Cash. Andrés Wood a préféré raconter des fragments de vie dans le désordre plutôt qu'un récit chronologique. Une narration plus en phase avec les nombreuses vies qu'a vécues Violeta Parra. À travers la vie de cette chanteuse, libre et indépendante, c'est tout un pays et un courant musical que retracent Andrés Wood et Angel Parra. Ce qui importait à Violeta, c'était de faire vivre le folklore chilien. On la voit, dès le début du film, errer dans les villages pour enregistrer la voix des chanteurs méconnus de son pays, afin que leurs compositions ne tombent jamais dans l'oubli. En dénonçant la pauvreté du Chili, et en mettant en lumière sa richesse culturelle, Violeta Parra a annoncé le courant folk moderne et les protest songs, qui devaient se répandre aux Etats-Unis dans les années 1960. La réinterprétation de son répertoire par l'actrice principale, Francisca Gavilan, qui n'avait jamais chanté avant le film, offre une bande son d'une rare force. Andrés Wood dresse un portrait fascinant d'une artiste complexe et s'illustre au passage dans le genre si compliqué du biopic musical. Populaire, de Régis Roinsard *** Malgré un entretien d'embauche catastrophique, Rose Pamphyle (Déborah François) ne tarde pas à se faire engager comme secrétaire au service de Louis Echard (Romain Duris), patron d'un cabinet d'assurance à Lisieux. Son charme juvénile et sa rapidité d'exécution sur sa machine à écrire séduisent celui qui va devenir son mentor, en robe de mariée pas cher attendant mieux. Inscrite à des concours régionaux de vitesse dactylographique, Rose multiplie les victoires, jusqu'à participer aux championnats du monde de la spécialité… Régis Roinsard, dont c'est le premier film, aime les couleurs pétantes et les décors vintage des fifties franchouillardes, les comédies hollywoodiennes de l'âge d'or (Audrey Hepburn est l'idole de son héroïne). Avec un soin incontestable, Populaire, contrairement à d'autres opulentes productions hexagonales, « assure » à toutes les étapes de sa fabrication (scénario amusant, réalisation efficace, acteurs motivés), mais pèche par manque de rythme et d'invention. Dans son genre - le genre blockbuster rétro et fétichiste d'Amélie Poulain, Populaire est un film respectable, donc, ce qui est déjà beaucoup, mais aussi un film dépourvu du charme qui transforme un honorable produit en comédie vraiment emballante.

Les Cinq légendes, de Peter Ramsey *** Un Père Noël à la sauce cosaque, un lapin de Pâques funky avec boomerang intégré, une fée des dents, un marchand de sable, sont réunis depuis la nuit des temps tels des Avengers de la petite enfance pour veiller sur l'innocence de nos chérubins. Mais Les Cinq légendes laissent un goût amer d'inachevé, comme un matin de Noël où le vélo tant attendu ne serait pas au pied du sapin. Le scénario, trop pétaradant, ne laisse pas de place à la respiration voire même à l'émotion (la faiblesse de Dreamworks). Quant aux personnages, mis à part Jack Frost et sa quête, les autres « légendes » sont bien dépourvues d'enjeu. Même le Père Noël, Iron Man pour cheminées, et Pitch, le croquemitaine-menace planétaire des innocents, manquent d'envergure. Si les enfants apprécieront, les adultes devront eux se rabattre sur l'humour, dont le film ne manque pas. Le film est aussi une superbe réussite plastique. La présence de Guillermo del Toro à la production y est sans doute pour beaucoup. Les effets de givre, de sable, de neige sont ainsi de toute beauté. Et l'on se rend compte du chemin parcouru par l'animation de synthèse depuis le Luxo Jr de Pixar. The Brooklyn Brothers, de Ryan O'Nan *** Alex Logan est une caricature du loser un peu freak, cher au cinéma indé américain. Il vient d'être largué par sa petite amie, de se séparer de son groupe de rock et de quitter son job dans une compagnie d'assurance. Il rencontre Jim qui vient aussi de perdre son groupe et lui propose de partir en tournée avec lui. Sa passion? Jouer du piano jouet. Les deux musiciens se baptisent les Brooklyn Brothers et réussissent à se former un répertoire pendant les deux heures de route qui les séparent de leur premier concert. C'est le début d'un road trip riche en amours, engueulades, belles rencontres et remises en question existentielles. Et c'est avec ce scénario prévisible que Ryan O'Nan se lance dans sa première réalisation. Cette balade musicale réussit néanmoins à faire sourire et à émouvoir, grâce à une bande d'acteurs décalés qui parviennent à incarner parfaitement la crise de la trentaine, et aux morceaux des Brooklyn Brothers, définis comme « un mélange des Shins et de la BO de 1, rue Sésame ». À l'arrivée, une jolie bromance en musique.

Mauvaise Fille, de Patrick Mille Quand l'acteur Patrick Mille décide de se lancer dans la réalisation, il veut absolument adapter un roman. Sa compagne et écrivain Justine Levy lui souffle robes de mariée alors une idée : pourquoi ne pas s'inspirer d'une de ses œuvres ? Les deux amoureux choisissent alors Mauvaise fille, roman autobiographique de Justine, fille de BHL, paru en 2009. Le film est fidèle au livre : Louise ( Izia Higelin), une jeune éditrice, apprend qu'elle est enceinte de son fiancé Pablo (Arthur Dupont). Jusqu'ici tout va bien, sauf que sa mère Alice (Carole Bouquet) est diagnostiquée dans le même temps d'un cancer. Trouvant l'ironie trop cruelle, Louise décide de lui cacher son heureuse nouvelle. On suit alors, dans une chronologie compliquée, la culpabilité grandissante de la fille, entre souvenirs de son passé douloureux avec sa mère, ex-mannequin et junkie, et tentatives de lui changer les idées. Patrick Mille peine à trouver une seule vraie idée de mise en scène. Et à vouloir éviter d'ajouter du pathos à l'histoire vraie de cette tragique relation mère/fille, le film ne parvient jamais à émouvoir. Operacion E, de Miguel Courtois Paternina * Années 2000, la jungle colombienne. Prise en otage par les redoutables FARC, Clara Rojas, collaboratrice d'Ingrid Betancourt, tombe enceinte en captivité et voit son bébé confié par ses ravisseurs à un paysan local. L'existence dudit paysan et de sa famille est bien sûr douloureusement bouleversée par cette adoption forcée qui le place en fâcheuse posture, tant vis-à-vis des FARC que de celui des forces gouvernementales, pas le genre à lésiner avec ceux qui « collaborent » avec les révolutionnaires. Inspiré de faits réels, comme on dit, le nouveau film du franco-espagnol Miguel Courtois Paternina (GAL, El Lobo…) illustre malheureusement de façon exemplaire le vieil adage du « tout est vrai, mais tout sonne faux ». En tirant au détour de chaque scène sur la corde lacrymale (bébé au bras cassé et famille miséreuse martyrisée par le sort), le cinéaste signe une fiction empesée et improbable (un comble) qui, à force de surcharges émotionnelles, ne donne finalement rien à voir de la situation politique et sociale de la Colombie.

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